Les élèves de 6ème B se sont d’abord réunis en salle avec leurs enseignantes et Marco pour discuter ensemble du chantier du jour.
Une mare est par définition éphémère.
En forêt, elle peut naître à la chute d’un arbre ou ce sont parfois les grands animaux - Cerf élaphe ou Sanglier- qui deviennent les architectes du paysage : en se livrant à des bains de boue, ils créent et entretiennent des dépressions susceptibles de se mettre en eau.
De nombreuses autres espèces en bénéficient, ainsi le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), petit amphibien psychédélique, vient pondre dans les mares et autres ornières forestières. Ses populations déclinent depuis le début du XXème siècle, notamment à cause de la dégradation de ses zones de reproduction.
Sans intervention humaine, la mare se comble et retourne à la Forêt. Ce n’est pas un problème en soi, lorsque les zones humides alternatives abondent, mais ce comblement est synonyme d’appauvrissement dans des territoires déjà très homogènes, où les milieux humides manquent cruellement, parce que comblés, drainés, pollués ou bétonnés.
Une mare qui disparaît, c’est tout un cortège de libellules, batraciens et de plantes spécifiques qui doivent déménager… (Père Castor)
Quelques photographies de la mare pédagogique située au cœur de l’aire terrestre éducative de Moirans sont projetées en salle pour constater l’évolution de la végétation au cours des 3 dernières années. Ce sont surtout les Typhas (ou Massettes) qui ont tendance à s’étendre et à refermer le milieu. La Nature a horreur du vide…
Le chantier d’aujourd’hui vise donc à limiter le comblement. Les jeunes vont intervenir pour la première fois de manière très concrète sur l’aire terrestre.
Vous avez vos bottes ?
Et vos gants ?
Allez, c’est parti !
Devant le collège est stationné le véhicule de chantier lourdement chargé de Peuples & Nature…
Quelques minutes à pied et nous voilà arrivés. Plusieurs équipes sont constituées pour remplir les missions de la matinée :
déplacer le broyat fourni par la mairie
ramener de la terre sur le sentier d’accès à la mare
enlever de la végétation aquatique sur certaines zones définies au préalable
faire le tour de l’aire terrestre pour ramasser les déchets éventuels.
Les pelles, brouettes sont distribuées.
Oui, il va falloir mettre les mains et les pieds dans la boue !
Non, ce n’est pas sale, ce n’est que de la terre, de l’eau et des feuilles mortes !
C’est l’automne et le sol est gorgé d’eau. Le niveau de la mare est d’ailleurs nettement plus haut qu’en septembre, lors de la première visite du site. Intervenir à cette période assure de ne pas trop déranger la faune et la flore aquatiques, absente ou en dormance.
Le Typha est le végétal ciblé par l’équipe « mare » qui rechigne d’abord à y aller franchement, puis la matinée passant, les zones ouvertes s’élargissent tandis que les vêtements se tâchent. Les végétaux sont laissés dans un premier temps sur le bord de la mare pour que la petite faune puisse ainsi rejoindre l’eau, puis le tout est évacué vers la benne de la mairie.
Une équipe féminine découvre un bout de grillage enterré. Elle va passer le reste de la matinée à le dégager, maille par maille et finira par l’apporter en triomphe dans la benne.
Des personnes qui ne se côtoyaient pas vraiment depuis le début d’année se sont soudées autour de cette tâche commune.
Le changement de notre rapport au Vivant passe par toutes ces petites victoires qui sont loin d’être anecdotiques pour les jeunes.
Les adultes présents -quand ils ne manient pas brouette ou râteau- se réjouissent de voir certaines élèves lâcher prise, celles-là même qui faisaient la moue en début de sortie car la boue risquait de tâcher leurs habits de marque immaculés…
Concours de peintures de guerre, sauts à plat ventre dans la boue puis nettoyage improvisé dans la Morge proche... Ce fut un peu Woodstock par moments ce matin, mais nous avons atteint tous nos objectifs et la joie est sur tous les visages.
2023 s’achève ainsi sur une belle note de dynamisme et d’espoir.
Crédits photos: P&N/ J.Martin/ S.Javelas