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Photo du rédacteurMarc Lecacheur

L'après-confinement



Certes, le cliché n’a rien esthétique.


Cependant, nous l’utilisons sans hésiter aujourd’hui comme symbole des trois derniers mois qui viennent de s’écouler. Il explique à lui seul notre silence sur ce blog et l’inexistence sur les réseaux sociaux de Peuples & Nature, petite structure de tourisme déjà discrète qui, comme toutes ses consoeurs s’est vue quelque peu ébranlée par les conséquences du COVID.


L’oiseau en question est un Milan noir. Ni rare, ni menacé. En tous cas pas plus et pas moins que l’ensemble de la faune et de la flore qui nous entoure.

Nous ne vous assommerons donc pas avec des chiffres à son sujet : il n’est ni le rapace à la plus grande envergure, ni le plus rapide. À vrai dire, nous préférons d’ailleurs éviter les chiffres lorsqu’il s’agit de décrire la Nature.


Le Milan noir est simplement une espèce très courante en France qui se nourrit en majorité de charognes, de déchets, ce en marge de nos villes et villages, parfois au plus près de nos habitations.


Considéré comme commun, il n’en demeure pas moins extraordinaire à nos yeux.


Nous avons vu arriver le couple le le 11 mars exactement et les deux oiseaux ont de suite commencé à s’ébattre dans la haie de peupliers face à notre maison, alors même que nos déplacements commençaient à être entravés par le confinement. Parades, recharge du nid avec des branches, accouplements au sommet des arbres. Pour eux, c’était le printemps, le vrai, libre et plein de projets. Pour nous, Il s’agissait de remplir une attestation pour faire le tour du pâté de maison…

Ces oiseaux avaient sans doute quitté le Sénégal un mois et demi auparavant pour se lancer plein nord dans un voyage aux allures d’épopée. Après un survol de Gibraltar, Ils s’étaient finalement posés près de chez nous. Ici, dans cette bourgade de l’Isère au pied des Alpes. Presque sur le pas de notre porte.

L’observation des migrateurs tisse en nous un lien invisible avec les hommes et femmes près desquels ces oiseaux vivent l’hiver venu : autres peuples, autres modes de vie, autres cultures que beaucoup ne découvriront jamais que sur un écran.

Nous ne pûmes de surcroît nous empêcher de comparer le voyage annuel des milans à ,notre propre périple familial effectué quelques mois auparavant en Afrique australe. L’expérience sud-africaine, comme toujours, fut synonyme de richesse humaine et naturelle inouïe mais elle pourrait tout aussi bien se résumer à un saut de puce en avion d’un point A à point B, et non pas à une virée périlleuse par les airs, où il s’agit de trouver pitance en chemin et d’éviter d’éventuels coups de fusil ! Immense respect, vous autres volatiles !


Fin février, la femelle commença à passer de plus en plus de temps au nid et nous supposâmes que la ponte était enclenchée. Le suspens était intense et la longue-vue restait posée au milieu du salon.

Ce ne fut que le 5 mai au petit déjeuner qu’un coup d’œil rapide dans la lunette nous donna à voir pour la première fois une petite tête blanche tremblant au milieu du nid vide. Un poussin ! Puis deux ! Puis trois vus ensemble à la becquée les jours suivants !

Depuis, nous les regardons grandir, s’emplumer chaque jour un peu plus et battant des ailes avec vigueur en prévision de l'envol. Je les entends d’ailleurs à l’instant même où j’écris ces lignes, depuis la fenêtre de mon bureau, qui accueillent de leurs cris l’un des adultes revenu au nid pour les nourrir.


Nous savions bien sûr que des milans nichaient ici, ainsi que d’autres grands voyageurs ailés que sont guêpiers, hirondelles et autres loriots mélodieux…

Mais nous n’avions jamais pris le temps de les observer, jour après jour, aveuglés en quelque sorte par nos allers et venues à l’autre bout du monde, emportés par les engrenages de nos existences. Pourtant, l’émerveillement est le même, qu’il s’attache au vol d’une grue couronnée au-dessus des terres africaines ou à celui de Monsieur Milan chassant en piqué une corneille volant trop près de son nid.


Lorsque les déplacements furent réduits au ridicule kilomètre alentour, nous partîmes en quête de nature et l’avons trouvée en abondance dans les interstices, entre bitume et sol agricole à nu, clôtures et pylônes, autoroute et voie ferrée. Elle est là, partout, prête à revenir ou plutôt jamais partie. Elle nous fait du bien. Elle nous veut du bien. Qu’on lui rende juste un peu l’appareil…


Voilà l’unique message que nous souhaiterions adresser aux futurs voyageurs et voyageuses qui choisiront demain Peuples & Nature pour découvrir l’Ici et l’Ailleurs.

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