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sortie du 22 Septembre 2023

Dernière mise à jour : 4 déc. 2023

C’est officiel, une Aire Terrestre Éducative (ATE) vient de voir le jour à Moirans !

Mais de quoi s’agit-il ?

C’est une petite zone naturelle gérée de manière participative par les élèves d’une école ou d'un collège, avec l’aide de leurs enseignant(e)s et d’une structure référente de l’éducation à l’environnement.

La démarche a été lancée en 2012 par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), représentant de l’Etat en matière de protection de l’environnement qui coordonne le réseau comptant à présent plusieurs centaines d’Aires terrestres en France métropolitaine et d’Outre-Mer.


Où se trouve-t-elle ?

Elle s’organise autour de la mare pédagogique de Moirans (près du stade d’athlétisme des Béthanies) et comprend la mare, le petit bois attenant ainsi que certaines des pelouses proches.


Quelles écoles et quelles classes sont concernées ?

La classe de 6ème B du collège du Vergeron et celle de CM de l’école Gérard Philippe se sont engagées dans le projet. Au total, ce ne sont pas moins de 4 professeures du collège et 2 de l’école primaire qui ont répondu présent(e)s pour ce projet, avec le soutien de Peuples & Nature.


La 1ère visite du site par la classe de 6ème B


Le 22 septembre 2023 au petit matin, les élèves se retrouvent en classe avec Jeanne, leur professeure de SVT et Marc, référent de Peuples & Nature.

Chacun/chacune exprime spontanément ce que lui évoque le mot « Nature » :

Verdure. Herbe. Eau. Roseaux. Liberté.

Pour certaines, la Nature commence dans les allées proprettes du parc de la ville; pour d’autres, elle se terre au sommet des montagnes qui entourent Moirans.

Cette Nature est en effet un mot-tiroir un peu vague et c’est autour d’elle que vont s’articuler toutes les interventions jusqu’en juin 2024. Il sera intéressant de voir évoluer l’imaginaire des 2 classes autour de ce concept.


Toute l’équipe part ensuite sur le terrain pour accomplir la première tâche importante de l’ATE : choisir le site.


La bonne humeur règne : il fait encore beau en cette fin septembre et c’est tout de même une chance de partir ainsi à pied du collège pour une sortie Nature.

Certains ont plus le sourire encore que d’autres : ils sont équipés de cannes à pêche, à la demande expresse de leur professeure. Mais pourquoi faire ?


La classe au bord des Goureux et de la Morge (c) Peuples & Nature


L’équipe encadrante (professeures et référent) a présélectionné 3 sites potentiels qu’il va falloir évaluer :

-la mare pédagogique et ses abords

-l’étang des Goureux

-une partie du parc du Vergeron.


Pour les aider, les enfants disposent de fiches à remplir pour mesurer -à la façon des experts- le potentiel de chaque site selon plusieurs critères : sécurité, richesse naturelle, accessibilité…

On leur demande aussi de noter ce que perçoivent leurs sens : sons, odeurs, sensation générale… C’est important de s’imprégner de l’ambiance des lieux, de vivre le moment pleinement, de manière sensible.


Arrivés à la mare, branle-le-bas de combat !

Les pêcheurs dégainent aussitôt leurs cannes, car dans les eaux claires du petit point d’eau, on vient d’apercevoir Lucien. Ou Lucienne, c’est vous qui choisissez… Il s’agit d’un carassin doré, autre nom du fameux « poisson rouge ». Celui-ci a été relâché (de manière tout à fait illégale) dans la mare il y a au moins un an de cela. Le bocal devenait trop petit pour lui ? Ses propriétaires n’en voulaient plus ? On ne le saura jamais. Lucien (Lucienne) fait aujourd’hui plus de 20 centimètres et sa présence dans un si petit espace risque de créer un déséquilibre. Son comportement omnivore l’amène en effet à consommer beaucoup de larves, notamment celles des tritons, des grenouilles et des insectes qui se reproduisent ici, mais aussi à troubler l’eau en fouillant la vase. La décision est prise : il faut exfiltrer Lucien (Lucienne) !


Nos pêcheurs sont de vrais pros, en quelques secondes, le poisson est attrapé avec un hameçon sans ardillon, décroché et mis dans un seau à l’ombre. Tout le monde est au petit soin, certains voudraient le caresser, lui donner à manger. On touche ici aux limites floues du sauvage et du domestique, autant de concepts sur lesquels nous allons travailler ensemble pendant un an. La délicatesse dont fait preuve chacun/chacune est une valeur fondamentale car les animaux et les plantes qualifiés à tout va d’invasifs, parfois même de nuisibles, sont en premier lieu des êtres vivants, des individus dignes de respect.

Un peu plus tard, on décide collectivement du sort de Lucien (Lucienne) : il ne passera ni à la poêle, ni dans la Morge où il risque de véhiculer des maladies aux autres poissons, sans parler de ses faibles chances de survie. Il ne retournera pas non plus dans un bocal. L’équipe vote à la majorité pour un déplacement immédiat vers le bassin du parc de la Grille où vivent déjà d’autres carassins.


Le transport de Lucien (Lucienne) (c) Peuples & Nature

1er acte fondateur de l’ATE !


La visite des deux autres sites se poursuit. L’étang des Goureux de l’autre côté de la Morge séduit d’emblée tout le monde. Il évoque d’agréables souvenirs à certaines filles de la classe : elles avaient l’habitude de venir y jouer en famille pendant le COVID. Les milieux naturels, aussi petits soient-ils, ont constitué de vrais refuges pour beaucoup de personnes pendant cette période.

Le groupe découvre en direct certaines des activités humaines en place ici : Une énorme pelle mécanique est en train de curer le lit de la Morge, des gens promènent leur chien, des restes de lignes de pêche se balancent dans les arbres bordant l’étang, un monsieur se balade avec des jumelles pour observer les oiseaux… Tout autant de pratiques à prendre en compte avant d’engager des actions sur un site.


Pour rejoindre le parc du Vergeron, dernier site proposé, certains décident de franchir à pied la Morge. Les bottes se remplissent, les cris fusent car l’eau toute droit descendue des contreforts de Chartreuse est bien fraîche !

Le Vergeron est un autre lieu bien connu de la classe, on y pratique du sport, on y flâne sous de beaux arbres, dont le grand Chêne près des terrains de basket est sans doute le plus remarquable sujet. Ifs, platanes, marronniers comptent parmi les nombreuses autres espèces présentes dans ce parc arboré.


Le temps est venu de dépouiller les résultats des fiches remplies par le groupe.


Au regard des critères proposés dans les fiches, c’est le parc du Vergeron qui se place en haut du podium. Tout le monde est un peu surpris et déçu car c’est finalement celui qui séduit le moins. Un vote à main levée est proposé dans la foulée et ce sont sans surprise les deux premiers sites qui sont mis en avant : la présence de l’eau est pour beaucoup synonyme de richesse, de mystère et de découvertes. L’étang des Goureux marque particulièrement les esprits avec ses aigrettes et ses canards qui saluent les visiteurs en décollant, ses carpes et ses brochets légendaires…. La mare est elle aussi attractive, avec ses grenouilles et l’aventure récente de Lucien.


Jeanne et Marc expliquent à la classe que l‘équipe municipale a été contactée en amont du projet pour recueillir son avis sur les 3 sites dont elle a d’ailleurs la gestion. L’accord du propriétaire est un préalable à la mise en œuvre d’une aire terrestre éducative et l’avis de la mairie penche clairement en faveur de la mare et ses abords. Dans toute action collective, il s’agit d’être pragmatique et d’arriver à des compromis qui conviennent au plus grand nombre…

Le choix final du site se pose donc sur la mare et la mosaïque de milieux qui l’entourent. Marc et Jeanne laissent toutefois la porte ouverte pour des actions ponctuelles sur les Goureux, autour de l’activité de pêche.


La matinée touche à sa fin et le groupe repart doucement en direction du collège, plusieurs équipes se relayant pour porter en douceur le seau de Lucien (Lucienne), mascotte éphémère de cette première sortie prometteuse.

La mare pédagogique de Moirans en novembre 2023 (c) Peuples & Nature

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